Quand l'amnésie traumatique est comme un deuil.... Proposition d'atelier d'écriture!

12/2/20253 min read

Depuis peu, je ressens l'envie de raconter ma sortie d'amnésie comme celle d’un deuil. Je lis "Le Lambeau" de Philippe Lançon et "L'année de la pensée magique" de Joan Didion. Ce sont des histoires de deuil d’un être cher ou d’une chose chère, comme un membre, un bras, quelque chose comme ça.... C’est glauque? On est beaucoup à avoir perdu "une partie de soi" d'une manière ou d'une autre.

Et puis la vie est vie et mort, et je pense qu'il serait idiot de disposer la mort en dehors de la vie. Idiot et illusoire. En tout cas moi, pour le moment, cela me rassure d'entendre parler de perte et de mort... cela me parle. Me parle de ces années où j'ai tant perdu.

Pour celles et ceux qui sortent d'amnésie, je commence à le réaliser, il s'agit aussi d'un énorme deuil. Le deuil de la vie d'avant, de la personne d'avant, le deuil des illusions d'avant...

Philippe Lançon écrit qu’après avoir perdu un bout de sa mâchoire dans les attentas de Charlie Hebdo, il essayera de rester sur les ruines du pont - car c'est seulement sur ces ruines qu'il peut entrevoir le lien entre la vie d’avant et la vie d’après. Écrire sert à ça aussi. Recomposer. Retisser du lien entre la vie d'avant et la vie d'après.

Il y a quelques années, j'ai lu une très belle BD au crayon de couleur: De l’importance du poil de nez. Cette BD parlait d’une jeune femme qui avait contracté un cancer et de sa longue rémision, jusqu'à sa guérison. J'ai été extrêmement surprise d'apprendre que cette femme, une fois guérie, avait décidé de quitter celui qui l'avait porté dans cette traversée: son amoureux. Celui qui l’avait soutenue. Celui qui lui avait tenu la main. Celui-là même lui rappelait son passé douloureux et elle avait été prise, soudainement, par un besoin gigantesque de s'en détacher, prise dans un élan de vie irrépressible.

A-t-on assez écrit sur le cancer, la maladie, les accidents, la mort, les événements qui créent un "avant" et un "après"? Écris sur cet étrange gouffre qui se creuse temporairement (le temps du deuil) entre les individus?

Durant ce temps de deuil, on se sent abandonné. Certaines personnes autour de nous semblent alors être restée délibérément dans le rêve - alors que nous, nous sommes dans le "vrai", le "réel" (se dit-on), c'est-à-dire la perte, la souffrance... la vie à ce goût de souffre, ce goût amer, ce goût d'impuissance, ce goût de mort. On est devenu sombre et lucide à la fois, en même temps qu'on est devenu seul. Cette solitude on la connaît si bien: c'est celle qu'on a pu ressentir petit.e, celle aussi qui nous provient de notre état dissocié, de cette solitude de ne pas habiter son corps, parfois, et de ne pas avoir été protégé.

Dans cet état, durant ce deuil, on voudrait parfois faire sécession et crier « si vous ne voyez pas ce que je vois - la douleur, l'injustice, la cruauté - je ne pourrai pas me hisser à votre hauteur pour vous parler - nous n’avons plus les mêmes mots, votre dessert au chocolat à maintenant pour moi le goût du pain rassi ». Durant ce temps suspendu, il y a alors deux camps: celui du bas et celui du haut - les mécréants en la vie et les croyants - la souffrance efface les polarité de la gauche et de la droite.

Bien sûr, nous sommes seuls... et en même temps, nous pouvons être ensemble dans cette expérience.

Les 24-25 janvier 2026, je vous propose de participer un week-end (non-résidentiel) d'expression et de régulation du trauma. Il y aura des moments créatifs. Des moments où écrire et partager nos sensations d'écriture ou nos textes. Il y aura des moments de régulation aussi.

Je sais que nous sommes beaucoup à écrire. Je sais que nous sommes quelques un.e à avoir envie de partager cette pratique ou son contenu. Je crois que les espaces collectifs sont des espaces magiques de régulation, et que le TRE, qui est une technique psycho-corporelle, est un super support pour avancer.

Si ce week-end vous intéresse, écrivez moi à margay@riseup.net