Je suis un papillon dans une chrysalide. Je dois rester longtemps sous les draps lourds et chaud. Deux à trois heures par jour... pendant… 3 ans. C’est étonnamment long d’être dans une chrysalide. Il paraît que le papillon y reste…, se liquéfie dedans, pour finalement ne vivre que 4 semaines. C’est un long processus de transformation aussi ingrat qu’improbable et magnifique. Que deviendrais je quand je ne serai plus chenille? Je ne sais pas encore que je vais devenir papillon. Il n’y a que perte mort et renoncement à se liquéfier ainsi sous son duvet, pendant 3 ans. Il n’y a pas de forme de vie à venir. Je ne la connais pas. Ni perspectives ailées. Ni avenir radieux. Il n’y a qu’attente, chaleur étouffante, lascivité peureuse.... heureusement, de ce besoin de repos infini débouche la fin de la culpabilité d'être une chenille. Que suis je? Qui suis je? Quelle forme vais je prendre? Qui parle encore de transformation de nos jours? Qui me parle des mutations que je vis? Tous les individus que nous sommes vivons comme des milliers de chrysalide, des milliers d’occasions de reprendre contact avec la force de mutation qu’est la vie.
