Comment aider une personne à se réguler ?

2/11/20253 min read

La co-régulation

La co-régulation est la capacité à aider une personne dérégulée au travers d'une présence attentive et bienveillante, dont je vais décrire ici quelques grands principes de base.

Pour rappel, le traumatisme psychologique se produit s'il y isolement et/ou déconnexion avec les autres. Ainsi, "la guérison ne peut se produire que dans le contexte de relations nouvelles; elle ne peut pas se produire dans l’isolement. Avec ses connexions renouvelées avec d’autres gens, la survivante recrée les facultés psychologiques qui avaient été endommagées ou déformées par l’expérience traumatique. Ces facultés comprennent les capacités de base à faire confiance, à être autonome, à prendre des initiatives, à la compétence, à l’identité et à l’intimité. Comme ces capacités se sont originellement formées en relation avec d’autres personnes, elles doivent être réformées dans de nouvelles relations.

La réorientation sensorielle

Un des éléments central de la co-régulation est donc d’essayer de faire revenir la personne dans son corps et dans le temps présent au travers, par exemple, d’une voix (douce), et d’une réorientation sensorielle. Il est bénéfique d’encourager la personne à nommer 5 objets de son environnement, 5 odeurs (il peut être bon, dans ces cas-là, de proposer des flacons odorants), 5 sensations, en expliquant le bien que cela pourrait produire à la personne traumatisée.

La réorientation temporelle

Un exercice utile, dans les cas de dissociation persistante, est de proposer à la personne de faire la ligne du temps de cette dernière ou de ses deux dernières journées. Par exemple: “Ce matin, je me suis brossé les dents, j’ai petit-déjeuné un œuf, ensuite j’ai fermé la porte, j’ai marché jusqu’à l’arrêt de bus…. je suis arrivée ici, nous avons commencé à lire ce livre, et me voilà, maintenant, assise sur cette chaise, en train de te parler”.

Ces exercices de réorientation répondent au réflexe de dissociation: le corps physique, par moment, peut “sortir de sa trame temporelle”, ou se déconnecter de ses sensations, car les stimuli sont trop importants ou désagréables. Ainsi, avant de proposer à la personne de nommer ce qui lui arrive (puisque cette compétence est souvent perdue en même temps que la dissociation opère), il s’agit d’essayer de la ramener au temps présent, et d’augmenter sa sensation de sécurité.

La voix, le toucher

Un toucher consenti et un regard peuvent être utiles car ils encouragent l’engagement social, qui apaise le système nerveux sympathique. En revanche, le système nerveux étant très activé, il est nécessaire de proposer peu de stimuli à la personne: si cela est opportun, il est préférable d’envisager un toucher neutre par exemple du bras, plutôt qu’une caresse, tout comme il est préconisé de proposer des consignes simples, posées relativement lentement.

Sortir de l’immobilité ou du corps figé

Lors d’une dissociation, le corps est généralement figé, dans l’impossibilité relative de bouger. Se lever de sa chaise, marcher, faire des grimaces sont des très bons moyens pour entamer un retour dans le corps, qui plus est s’ils sont encouragés et partagés avec quelqu’un. L’impuissance et l’isolement étant les expériences les plus massives, ressenties lors du traumatisme, une présence amie et adaptée, durant une réactivation traumatique, peut-être extrêmement bénéfique voire partiellement réparatrice. L’impuissance étant marquée dans le corps au travers du figement, bouger doucement les doigts, la bouche, les jambes, réinvestir l’espace dans lequel on est, en étant accompagné, peut déjà être d’une grande aide. Les muscles du visages, et en particulier ceux de la bouche, activent le nerf vague, qui aide à réguler la pression du système nerveux. Faire des grimaces peut donc être un moyen simple d’apaiser le système nerveux.

L’engagement social

La première chose à faire, dans le cas d’une activation, est d’essayer de maintenir ou d’encourager l’engagement social. Entendre une voix calme. Parler doucement. Regarder dans les yeux si c’est autorisé par la personne. Il s’agit de donner une présence physique à la personne qui revit le trauma.

Il peut être conseillé, ensuite, d’entrer en empathie avec la personne, en lui demandant d’exprimer, si elle le veut, ce qu’elle vient de vivre. Nommer permet à la personne de retrouver une sensation de maîtrise vis-à-vis d'elle-même et de son environnement, ce qui a toute son importance.

Ainsi, après la phase de réorientation, l’engagement social peut commencer: “qu’est-ce qui te ferait du bien?”, “as-tu vécu quelque chose de désagréable que tu voudrais partager?”. Il est bon, dans un premier temps, de parler de ce qui est vécu dans le présent plutôt que de mobiliser les événements en lien avec la mémoire traumatique, car cela récrérait une boucle dans le passé.